
Mon ami (de 30 ans) Jean-François Moueix est le propriétaire de ce cru mythique, qui faisait la Couverture de
Millésimes 2005.
Cultivant l’humour et la discrétion comme d’autres le snobisme et l’esbroufe, il poursuit une politique exemplaire, qualitative certes, mais aussi commerciale, puisque c’est lui, et lui seul, qui vend Petrus (le cas est unique ici), notamment au travers de sa prestigieuse maison Duclot, ou de ses nombreuses autres entreprises (boutiques l’Intendant et Badie à Bordeaux,
Châteaux Cash & Carry en région parisienne…).
On ne peut contester que Petrus fait partie de la petite poignée des plus grands
vins rouges du monde, et des 3 ou 4 plus grands
crus bordelais, à un
prix lui aussi hors normes, certes. C’est l’archétype des grands
crus où le
terroir crée cette osmose exceptionnelle avec le
cépage et les hommes et on comprend qu’il ne puisse qu’aiguiser la jalousie d’un bon nombre de producteurs médiatiques, libournais, médocains ou étrangers, qui ne peuvent, eux, faute de
terroir et d’humilité, que se contenter de faire mariner à outrance leur vin dans des
barriques en croyant qu’ils font une
cuvée digne de ce nom…
À Petrus, l’originalité est particulièrement importante puisque l’on sort des sentiers battus bordelais. Ici, ce qui prime, c’est la rencontre de deux
argiles, une argile ancienne, bleue, arrivée dans la seconde moitié de l’ère tertiaire. Au quaternaire, il y a eu des recouvrements graveleux, mais, à Petrus, ce sont des
argiles noires gonflantes qui donnent la spécificité... Petrus (11,5 ha) est situé sur un plateau et plus précisément sur un mamelon
argileux qui culmine à 42 m d’altitude, ce qui permet aux eaux de ruissellement de surface de ne pas stagner et d’aller vers le bas. Ainsi, il n’y a jamais d’excès d’eau mais l’une des vertus de l’argile est ce pouvoir de rétension d’eau, elle se
comporte comme une belle éponge, et restitue l’eau lentement à la plante en période de sécheresse. Petrus, c’est aussi l’expression d’un
cépage, le
Merlot, qui s’épanouit pleinement sur ces
argiles. La culture de la
vigne est très traditionnelle : on laboure 2 fois par an, on chausse et déchausse. Les
rendements varient de 25 à 39 hl/ha mais la moyenne se situe plutôt vers 35 hl/ha. Les vendanges sont manuelles, effectuées en cagettes avec un tri sévère effectué sur 2 tables de tri. On privilégie des extractions très mesurées, les
cuvaisons ne sont pas très longues, l’élevage durant 18 à 20 mois en
fûts de
chêne avec une proportion de bois neuf qui varie selon les
millésimes (un peu plus de 50%). Le vignoble est protégé en lutte raisonnée. La force du
terroir se retrouve aussi dans le potentiel d’évolution. Celui de Petrus est très important : fabuleux 1953, 1955, 1959, 1961 ou de l’exceptionnel 1947... Pour exciter vos papilles, actuellement, il y a ce 2001 : truffe,
fruits macérés, humus… sont les premières sensations de ce très grand vin, le “velours” à l’état pur, où cette structure impressionnante sait se fondre dans une distinction incroyable, qui lui confère un potentiel d’épanouissement réellement exceptionnel, de très grande
garde. Le 99 est la saveur même. Complexe et
gras, riche et parfumé en bouche, un beau vin
charnu, charmeur, qui fleure les épices et les
fruits frais, alliant puissance et
finesse, dont le velouté est très caractéristique des
vins de Pomerol...